Cette année-là, la famille Moto du Clan de la Licorne, qui avait la réputation d’être des guerriers accomplis au courage infaillible, décida d’aider le Clan du Crabe dans ses efforts pour contenir l’Outremonde. Ayant déjà combattu les horreurs issues du royaume de Fu Leng, ses membres pensaient pouvoir apporter aux troupes du Clan du Crabe un soutien non négligeable.
Tsume, le daimyo de la famille Moto, mena ses troupes au combat avec confiance et panache. Ses hommes étaient tellement persuadés d’emporter la victoire qu’en s’enfonçant profondément dans l’Outremonde en direction de l’ouest, leurs coeurs étaient emplis de sérénité et même de joie. Ils chantaient des chansons de salles de garde et prenaient des paris sur le nombre de tête de bakemono et d’oni qu’ils ramèneraient.
Ils ignoraient tous alors que cette chevauchée mettrait un terme à la puissance de la famille Moto pour de nombreuses années et souillerait son nom pour l’éternité. Personne ne peut dire avec exactitude ce qui se passa dans l’Outremonde. Quand les rares survivants encore doués de raison rejoignirent le camp du clan, leurs cheveux étaient blancs comme la neige en hiver et leurs coeurs étaient glacés de peur. Aucun ne voulut – ou peut-être ne put – décrire la bataille qui avait emporté leurs camarades, et nuit après nuit, ils se réveillaient en hurlant, assaillis par leurs indicibles souvenirs. Cinq ans plus tard, tous les survivants étaient morts, livides, tremblants et paraissant bien plus que leur âge.
Depuis ce jour, on peut voir des membres de la famille Moto parcourir l’Outremonde sur les monstrueux coursiers de Fu Leng, une lueur infernale au fond de leurs orbites vides. Leur daimyo maudit, dont on entend le rire inhumain, les conduit toujours au travers des terres sombres. C’est ainsi que le nom de la famille Moto est associé à l’horreur et à la honte. En pénitence de cet événement, les membres de la famille Moto portent désormais une armure blanche rehaussée de quelques discrètes taches de pourpres.